Ne pars pas d’Istanbul sans avoir navigué sur le Bosphore !
Une petite croisière sur cette magnifique avenue
te laissera un souvenir magique d’Istanbul.
Larguez les amarres !

Le Bosphore, c’est un peu l’âme d’Istanbul. Paris n’aurait pas été la même sans la Seine et, forcément, Istanbul n’aurait jamais été Istanbul sans le Bosphore. Ce détroit est symbolique, il est la frontière naturelle entre deux continents mais il continue de signifier dans l’imaginaire européen les portes de l’Orient, ses richesses et ses mythes. Quand on songe au Bosphore, on imagine déjà les reflets dorés sur les vagues, les mosquées dessinant leurs courbes et leurs minarets dans ses eaux mystérieuses, on rêve aux marchands de soie et d’épices contraints de le traverser sur de petites embarcations pour rejoindre l’ancienne Byzance ou les sérails de Constantinople.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, pour moi, le Bosphore, c’est n’est pas une séparation entre deux continents, mais bien un pont. Un pont entre deux régions, un pont entre les cultures et les civilisations. Heureusement que la Turquie a un pied en Asie et l’autre en Europe, que le Bosphore n’est après tout que la limite décidée par les géographes entre les deux continents. S’il avait été une frontière entre deux pays, il aurait nourrit beaucoup moins de légendes et de mythes, il n’aurait pas autant inspiré les poètes et les romanciers, les peintres et les architectes. Le Bosphore fait rêver depuis plusieurs siècles et continuera encore longtemps de fasciner.
Personnellement, le Bosphore me fascine et m’hypnotise, et j’aime ce trait d’union entre deux mondes, l’oriental et l’occidental.


Avant de commencer cet article et d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais partager une petite citation d’Orhan Pamuk, écrivain turc qui a beaucoup écrit sur Istanbul et qui a notamment écrit ce magnifique extrait sur le Bosphore et ses ponts. Il révèle cette vision d’un Bosphore fédérateur plutôt que diviseur.
« J’ai passé ma vie à Istanbul, sur la rive européenne, dans les maisons donnant sur l’autre rive, l’Asie. Demeurer auprès de l’eau, en regardant la rive d’en face, l’autre continent, me rappelait sans cesse ma place dans le monde, et c’était bien. Et puis un jour, ils ont construit un pont qui joignait les deux rives du Bosphore. Lorsque je suis monté sur ce pont et que j’ai regardé le paysage, j’ai compris que c’était encore mieux, encore plus beau de voir les deux rives en même temps. J’ai saisi que le mieux était d’être un pont entre deux rives. S’adresser aux deux rives sans appartenir totalement à l’une ni à l’autre dévoilait le plus beau des paysages ».
Orhan Pamuk
(dans Istanbul : Souvenirs d’une ville)

QUELLE CROISIÈRE SUR LE BOSPHORE CHOISIR ?
Le Bosphore mesure un peu plus de 30 km, entre la mer de Marmara et la mer Noire. Autant dire qu’il n’existe qu’une seule manière de parcourir l’avenue la plus célèbre d’Istanbul et de découvrir les différents quartiers qui la bordent et leurs atmosphères si particulières. Je vais te parler dans cet article de deux types de croisières à essayer pour s’imprégner des beautés du Bosphore : une courte et une longue. Mais si tu souhaites lier le plaisir de naviguer sur le Bosphore et l’occasion de découvrir les quartiers, tu peux utiliser les différentes lignes de ferries de la ville. Tu trouveras ces 3 alternatives dans cet article.

CROISIÈRE COURTE : DE EMINÖNÜ À ORTAKÖY
La croisière courte, c’est une version simplifiée de la croisière. Il existe deux formats : si tu passes par la compagnie des transports d’Istanbul, la croisière courte t’emmènera jusqu’au premier pont (au niveau d’Ortaköy et sa célèbre mosquée au bord de l’eau), si tu choisis de passer par une compagnie privée, alors tu pourras aller jusqu’au deuxième pont voire au-delà. Les croisières par les compagnies privées, tu peux les trouver pratiquement partout (à Eminönü et Üsküdar principalement), il suffit de repérer le panneau Boğaz Turu. Les prix peuvent varier d’une compagnie à l’autre, je te conseille de regarder les différentes options (en fonction des lieux de départs) avant de te décider, mais quoiqu’il en soit, le prix ne va pas être très différent entre les concurrents.
Personnellement, j’ai fait une première croisière avec une compagnie privée m’emmenant de Üsküdar jusqu’au deuxième pont enjambant le Bosphore. Quelque temps plus tard, j’ai fait une seconde croisière courte mais cette fois avec la compagnie de la ville d’Istanbul, Şehir Hatları. La dernière est plus courte mais c’est déjà ça quand on a pas trop de temps, sinon je te conseille d’aller au moins jusqu’au deuxième pont sinon de faire la croisière longue. Là aussi, bien se renseigner sur le parcours du bateau avant de choisir sa croisière. Honnêtement, je trouve que jusqu’à Ortaköy, ce n’est pas assez long et je suis resté sur ma faim.
Avec cette croisière courte, tu peux avoir une vue sur la péninsule historique et ses mosquées depuis l’eau avant de passer devant Karaköy, Dolmabahçe et Ortaköy voire au-delà. Ça donne déjà un petit aperçu mais c’est loin de te donner une image complète du Bosphore. La partie la plus surprenante est au-delà du premier pont.


Pour cette croisière donc, tu restes principalement “en ville”, c’est-à-dire le côté urbanisé d’Istanbul où les rives du Bosphore voient s’aligner les quartiers collés les uns aux autres. C’est un bon début car ça donne une vision d’ensemble d’Istanbul et de ses principaux quartiers. Cette croisière part plusieurs fois par jour au départ d’Eminönü et ne marque que 2 arrêts, Üsküdar et Ortaköy, avant de revenir au point de départ.
Pour les horaires, voici le fascicule de la compagnie (regarder page 24).
CROISIÈRE LONGUE : DE EMINÖNÜ À ANADOLU KAVAGI
Cette croisière longue s’appelle Uzun Boğaz Turu et se fait sur la journée. Attention, il n’y a qu’un seul départ par jour donc mieux vaut arriver avec de l’avance pour avoir le temps d’acheter son billet (bornes automatiques ou guichets). Le départ se fait à 10h35 depuis l’embarcadère de Eminönü pour un trajet le long du Bosphore qui dure environ 2h jusqu’à Anadolu Kavağı. Sur place, le bateau marque une pause jusqu’à 15h avant de repartir en sens inverse jusqu’à Eminönü.
À choisir, je te recommande plutôt cette croisière. Certes, elle est plus chère et plus longue (6h au total, retour à Eminönü à 16h40) mais je la trouve plus complète.
Tu verras ce que la croisière courte te propose mais pourras découvrir d’autres quartiers et monuments très sympas qui montrent un tout autre visage d’Istanbul et du Bosphore : une première partie urbanisée, une deuxième un peu plus résidentielle et chic avec ses maisons au bord de l’eau, de beaux espaces verts, des petits ports photogéniques, des forteresses médiévales etc.
Au bout du trajet aller, Anadolu Kavağı avec ses petites maisons, ses allures de petit village et ses nombreux restaurants de poisson. La pause marquée par le bateau entre 12h25 et 15h te laisse amplement la possibilité de manger dans un des petits restaurants avant de marcher jusqu’à Yoros Kalesi, une ancienne forteresse dominant le Bosphore et offrant une superbe vue sur le dernier pont reliant l’Europe à l’Asie et le début de la mer Noire.






Depuis le cœur de Anadolu Kavagi (son embarcadère et sa rue principale bordée de petits restaurants), une quinzaine de minutes seulement suffisent pour rejoindre Yoros Kalesi. Cette forteresse byzantine du 13ème siècle fut longtemps disputée entre les Byzantins, les Génois et les Ottomans. Arrivés au sommet de la colline, la majestueuse porte d’entrée du château, flanquée de ses deux tours massives, ouvrent sur un panorama magnifique.




Cette croisière longue quittent donc Eminönü à 10h35 et marquera des arrêts à Beşiktaş, Üsküdar, Kanlıca, Sarıyer et Rumeli Kavağı avant de s’arrêter à Anadolu Kavağı. Sur le retour, les mêmes arrêts seront desservis. J’ai personnellement beaucoup apprécié Sarıyer ainsi que Rumeli et Anadolu Kavağı, deux petits villages de pêcheurs plutôt calmes, loin du tumulte urbain et de la foule. On peine à se croire aux portes d’Istanbul, une des plus grandes villes du monde.
Pour les horaires, voici le fascicule de la compagnie (voir page 24).
DECOUVRIR LE BOSPHORE EN PLUSIEURS ARRÊTS
Une autre possibilité, que je fais régulièrement, est de découvrir le Bosphore et ses différents quartiers avec les transports en commun. En somme, ce n’est pas une véritable croisière mais plutôt un enchaînement de petits trajets en bateau et bus. Le point négatif des croisières courtes et longues est qu’elles ne permettent pas de descendre à chaque arrêt pour pouvoir visiter les différents quartiers. La croisière longue ne circule qu’une fois par jour donc impossible de descendre aux différents arrêts.
En alternant les trajets en bateau et en bus, tu auras donc accès à tous ces petits quartiers vraiment adorables qui méritent tellement un petit détour ou de visiter des monuments assez éloignés du centre historique.
Le plus simple est de jongler entre le planning des horaires pour les bus et pour les bateaux, ça permet de faire de jolis combinés et de passer une journée mémorable à la découverte des petits coins encore secrets et méconnus d’Istanbul.



Mes quartiers préférés (et ceux que je te conseille de visiter) sont : Arnavutköy et ses jolies maisons en bois et ses petites ruelles, Anadolu Hisarı pour son petit port de pêche et sa forteresse (datant de 1393, elle est le monument turc le plus ancien d’Istanbul), l’imposante forteresse de Rumeli Hisarı, juste en face, pour sa balade sur les remparts et la vue imprenable sur le détroit du Bosphore, l’adorable petit quartier de Kuzguncuk pour ses maisons colorées en bois, Çengelköy pour son ambiance à la fois paisible et animée, ses petits restaurants au bord de l’eau et ses petits pontons en bois pour un coucher de soleil idéal.
Je rajouterais aussi Beykoz pour ses quelques ruelles bordées de vieilles maisons et, bien sûr, Anadolu Kavağı pour ses petits restaurants de poisson, sa vue sur le magnifique pont enjambant le détroit et la vieille forteresse byzantine. Tant de petits quartiers que tu ne peux pas visiter durant la croisière (à moins de ne faire qu’une partie de la croisière longue).




En conclusion :
La croisière courte convient pour une première idée du Bosphore et quand on a pas énormément de temps à consacrer à la croisière.
La croisière longue vaut nettement plus la peine car elle permet d’avoir une image plus globale du détroit du Bosphore avec ses différentes ambiances, ses quartiers divers, mais il faut la journée.
Sinon, la découverte par les transports en commun sur la journée est parfaite pour pouvoir visiter ces adorables petits quartiers.



Alors dis-moi, qu’est-ce qui te plaît le plus sur le Bosphore ?
Tu aimerais faire ces petites croisières ?
Je suis partie visiter Istanbul il y a deux ans, j’ai visité à fond la péninsule historique et je suis repartie en me disant “ça y est, je connais bien Istanbul”.. En listant ton article et le précédent, j’ai l’impression de ne pas connaître cette ville en réalité, que c’est pas la même ville où je suis allée, et je me rends compte tout simplement à quel point je suis passé à côté de ma visite. Ces lieux en dehors du vieux centre sont tellement mignons et intéressants (j’ai adoré les quartiers d’arnavutkoy, cengeloy et kuzguncuk dans l’article précédent), je regrette de ne pas y avoir prêté attention. Merci pour cet article qui me fait redécouvrir cette ville comme si je n’y étais jamais allée 🙂
Merci Nathalie, ce commentaire me fait vraiment plaisir. Je sais que beaucoup de visiteurs considèrent le vieux centre d’Istanbul comme le principal voire l’unique attrait de la ville. C’est dommage car il y a tant à voir en dehors 🙂
Personne ne parle d’Istanbul mieux que toi – et j’adore la citation de Pamuk ! Magnifique article qui me rappelle ma propre croisière sur le Bosphore au crépuscule, un souvenir enchanteur. Je suis heureuse d’avoir vu Istanbul avant … et je ne sais pas quand j’y retournerai … Tristesse des mondes qui rétrécissent, tristesse plus grande encore quand il s’agit de villes comme Istanbul qui incarnent véritablement le pont, la porte !
Merci Alexandra, tes mots me touchent. Au crépscule, ça devait vraient être joli cette croisière.
“Tristesse des mondes qui rétrécissent”, je suis bien d’accord avec toi et je trouve que ça illustre bien la situation actuelle.
Merci pour toutes ces infos sur Istanbul, j’y vais dans quelques jours et c’est très intéressant, d’autant que tu écris bien =)
Merci Guillaume 🙂 je suis ravi que l’article te soit utile ^^
merci pour toutes ces infos, je trouve ton blog plus explicite qu’un guide, un grand merci
Merci Catherine, ça me fait très plaisir 🙂