J’ai décidé de visiter le Sud-Est de la Turquie il y a quelques mois.
Pour certains, c’était un coup de folie, partir dans cette zone de la Turquie,
si proche de la frontière syrienne, alors que le mot “terrorisme” est sur toutes les lèvres.
Mais pour autant, ça reste une de mes plus belles visites turques.
Après Gaziantep, je t’emmène à Şanlıurfa !

Après avoir découvert la superbe et charmante ville de Gaziantep, je me suis rendu à Şanlıurfa, deuxième grande ville du sud-est anatolien, à quelques kilomètres de Gaziantep. C’est une ville sainte pour les Musulmans et les Chrétiens : selon la légende, Adam et Ève auraient séjourné dans la cité qui serait également la ville natale d’Abraham et qui abriterait la tombe de son épouse Sarah. Certains textes avancent même l’hypothèse qu’il s’agisse de la ville de Rûh, une des villes construites après le Déluge, ce qui expliquerait l’autre nom de la ville, Riha.
La route entre Gaziantep et Urfa est plutôt monotone et le paysage ne change guère entre les deux villes, malgré les 150 kilomètres qui les séparent. Le sol est principalement jaune, jaune comme les hautes herbes séchées et brûlées par le soleil et la proximité du désert. Sinon, ce sont des étendues de pistachiers. Alors qu’ils devaient s’étendre à perte de vue il y a encore quelques années, les pistachiers sont souvent rasés pour y construire de nouveaux immeubles, des quartiers tout entier qui sortent de terre, au milieu de nulle part. Après une heure et demie sur la route, me voici enfin à Urfa.

À peine mes pieds foulent le bitume, je sens la chaleur qui m’oppresse. On a beau n’être qu’en avril, le thermomètre affiche une température supérieure à 35°C. Je regarde autour de moi, Urfa semble bien différente de Gaziantep, sa voisine. Si Gaziantep est facilement identifiable en tant que ville turque, Urfa, quant à elle, paraît décidément beaucoup plus moyen-orientale. Quand je parle de “ville turque”, je parle d’une ambiance, d’une attitude générale et d’un mélange d’orient et d’occident. Urfa, elle, n’est pas un mélange, Urfa, c’est déjà l’orient. On se sent déjà plus près de la Syrie et des pays arabes que de villes comme Ankara, Izmir, Antalya ou même Istanbul. J’aime justement la Turquie pour ce contraste et ces allées et venues incessantes entre Orient et Occident.
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URFA, C’EST DÉJÀ L’ORIENT
Ne disposant que de peu de temps dans cette vieille ville, je me dirige vers la mosquée et son Balıklı Göl (en français : l’étang aux poissons) où nagent sereinement des centaines de poissons que la foule observe et nourrit.

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Devant l’étang, la foule se presse. On y vient pour prendre un thé, faire des photos, se promener entre amoureux, entre amis ou en famille. On vient nourrir les poissons, jouer sur la pelouse… L’ambiance y est calme et sereine. Me voyant accroupi près de l’étang à faire quelques photos, un homme d’une trentaine d’années vient se tenir à côté de moi et me demande si j’aime Şanlıurfa. De fil en aiguille, nous commençons à discuter. Il me raconte qu’il est de Gaziantep mais qu’il a fait son service militaire à Şanlıurfa, qu’il y revient en famille, de temps en temps. En Turquie, les gens viennent spontanément et facilement vous parler, et ça, c’est franchement cool !

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Dans le parc, la vie semble tourner au ralenti. On n’entend plus le bruit des voitures et des klaxons qui envahissent les rues et les avenues. On n’entend plus le sifflet du policier occupé à gérer la circulation chaotique de cette fin de matinée. On n’entend plus les vieilles mobylettes qui slaloment entre les véhicules arrêtés… Non, seuls le chant des oiseaux, le vent (beaucoup trop rare et timide) dans les feuilles des arbres et le cri des enfants se font entendre. Vu comme ça, Urfa donne une impression de ville paisible.
J’aime cette ville, j’aime la sérénité qui se dégage de ce parc, de sa mosquée et de son étang. J’aime la spontanéité des gens et leur bonne humeur, j’aime les couleurs de ce lieu tranquille. C’est la ville la plus proche de la frontière syrienne mais son ambiance est à l’opposé de ce qu’on pourrait imaginer.

Je poursuis mon chemin, traverse la cour d’une mosquée et grimpe jusqu’à la citadelle qui, comme celle de Gaziantep, est fermée. Je redescends et me dirige vers le souk.
Rien à voir avec le souk authentique et ancien de Gaziantep ou le Grand Bazar d’Istanbul. Ici, il n’y a qu’une voie, bordée de boutiques de vêtements, babioles, jouets et épices. J’avoue être un peu déçu, je m’attendais à un beau souk comme celui de Gaziantep, où les effluves d’épices et de délices turcs rivalisent avec le brillant des pièces artisanales des forgerons.
Je me laisse tenter par un dernier thé, dans ce magnifique parc, bercé par le bruit de l’eau des fontaines et celui du thé qu’on verse dans les verres.
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Le mot de la fin ?
Sur le chemin de retour, je me dis que j’aimerais retourner à Sanliurfa, j’aimerais visiter davantage la vieille ville, voir à quoi ressemblent ses petites ruelles étroites, ses vieilles maisons ottomanes. Vu la situation actuelle, aurais-je de nouveau cette occasion rapidement et facilement de revenir à Sanliurfa ?
En tant normal, je conseillerais à quiconque d’aller explorer cette ville agréable, passionnante et mystérieuse. Je vous dirais qu’à Sanliurfa, je me suis senti en sécurité, à l’aise et serein et qu’à aucun moment je n’ai senti une menace ou un danger.
Un jour, j’y retournerai…
Et vous, Sanliurfa, vous aimeriez y aller ?


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N’hésitez pas à commenter et à partager 🙂
C’est vraiment magnifique. Tes images sont de toute beauté. Je ne sais pas si j’aurais osé aller dans cette région en ce moment, moi je l’avoue, je suis une trouillarde terrifiée par le terrorisme, mais j’admire tes photos et cette atmosphère que tu as su capturer – c’est vraiment superbe.
Merci beaucoup pour ce commentaire, ça me fait très plaisir 🙂
En effet ce n’est peut être pas le meilleur moment mais, quand la situation sera devenue plus sereine, tu pourras y aller 😉
Super périple et chouette destination, certaines de tes photos me rappellent Séville ! Très joli reportage, et en effet c’est courageux d’y aller quand on voit le contexte, mais finalement, sommes-nous plus à l’abri ici ? Merci pour le partage, bonne journée !!
Merci 🙂
Je ne connais malheureusement pas Séville mais j’espère y aller bientôt ! Mais je confirme, c’est une chouette destination et jolie découverte.
Bonne journée à toi 😉
J’avais la grande chance et l’immense plaisir de visiter cette superbe ville en 2008.Ce fut un moment inoubliable avec l’étang et la vielle mosquée.Vous avez totalement raison quand vous dites que cette ville inspire l’orient.Les habitants de Urfa sont très chaleureux.j’aimerais bien y retourner cette année !
Urfa est une ville particulière, c’est sûr, un autre visage de la Turquie. J’aimerais y retourner également.
Merci pour votre commentaire 🙂