J’ai grandi entre ville et campagne, au milieu de paysages cachés et secrets.
Aujourd’hui, j’ai envie de te parler de mon enfance, de la ferme familiale,
et de te présenter le Haut-Doubs qui m’a vu grandir.
Ça te tente de passer le dimanche à la campagne ?

Ça y est nous sommes officiellement en automne. J’aime l’automne quand les forêts prennent cette teinte orangée, que sous nos pas craquent les feuilles mortes, j’aime l’odeur des sous-bois qui respirent enfin après les chaleurs de l’été, j’aime l’odeur de l’herbe fraîchement coupée et celle du foin qui sèche dans les champs ou dans les granges. J’aime la transition entre été et automne, ces quelques jours où on sent que l’été touche à sa fin, que cette chaleur sur notre nuque est à chérir car elle va petit à petit disparaître pour laisser place à l’hiver. Mais en même temps, je redoute un peu l’automne, le froid qui s’installe, les jours brumeux et pleins de grisaille, les longues journées et semaines de pluie et de vent… et partir le matin alors qu’il fait encore nuit… Alors, avant de plonger dans l’automne, j’ai voulu profiter d’une belle journée à la campagne.

J’ai grandi en ville, à Besançon, mais ma famille maternelle est originaire du Haut-Doubs, une partie plus en altitude, dans le département du Doubs, qui s’étend le long de la frontière suisse. Ces paysages vallonnés et accidentés, ces forêts de sapins, je les connais, je les ai vus pendant plus de vingt ans et je trouvais ça normal. Je les appréciais mais sans vraiment me rendre compte de la chance que j’avais de grandir dans un tel décor : une ferme comtoise typique, entourée de champs et de collines, des forêts à perte de vue. C’était chez mes grands-parents et puis c’est tout. En grandissant et, surtout, en quittant ma région pour étudier et travailler, j’ai pris conscience à quel point j’aimais ce relief, ces paysages et cette ferme isolée au milieu de toute cette nature.
Et aujourd’hui, c’est là que je t’emmène, sur ce bout de France isolé, dans la ferme familiale. Un article personnel, ponctué de souvenirs d’enfance au milieu de ces paysages que j’adore, pour profiter de la chaleur des derniers jours d’été dans le calme de la campagne franc-comtoise.

.
.
.
.
LA FERME DU BOUT DU MONDE


Pendant toute mon enfance, je n’aimais pas venir chez mes grands-parents… car j’étais tout le temps malade en voiture. Dès qu’on quitte la nationale et qu’on s’enfonce petit à petit entre les vallées, les forêts, les collines, là où la route épouse la topographie du relief capricieux, les chemins sont plus tortueux et en lacet à flanc de falaise. Quand j’étais petit, tout ça me donnait le tournis et le trajet me semblait interminable. Alors quand j’arrivais chez mes grands-parents, j’avais la nausée, le visage blanc et les jambes flageolantes.
J’ai depuis su m’habituer à ces routes rarement droites mais à l’époque, j’avais clairement le sentiment qu’on allait au bout du monde, au bout du bout, au milieu de nulle part et isolé de tout. C’est comme si, en une heure, j’avais troqué la ville avec un lieu où aucun bruit de parvient hormis les cloches des vaches et le vents dans les sapins, un lieu où il n’y a aucun voisin et où tout semblait différent. Un lieu où il faut encore monter au sommet de la colline pour capter du réseau et envoyer un SMS.
.
.
.
UN FORMIDABLE TERRAIN DE JEU

.

J’avais toujours mal au ventre sur le chemin, mais dès l’arrivée, je me sentais tout de suite apaisé par cet endroit. J’adore cette ferme. J’aime sa forme et sa façade couverte de planches de bois, architecture si typique des fermes comtoises. J’aime le calme et l’apaisement qui se dégagent de ce lieu, perdu en pleine nature.
.

.



.

Cette ferme, c’était mon terrain de jeu préféré, un formidable espace pour mes premières explorations. Le champs des possibilités me paraissait infini. Je ne compte plus les nombreuses fois où je suis allé chercher les œufs au poulailler, craignant que les poules ne m’attaquent, ou quand je partais donner à manger aux cochons, rentrer les poules le soir venu car les renards rôdaient, couper l’herbe avec la faux et la donner aux lapins.

.


Dans le champs qui borde la ferme, il y avait un vieil arbre, un chêne peut-être, isolé au milieu d’une grande étendue d’herbe. Au pied de l’arbre, un petit rocher, à l’ombre du ramage fort et résistant. Petit, j’adorais traverser ce champs, seul, et venir me réfugier sous les branches, assis sur ma petite pierre, à regarder le paysage qui m’entourait, à profiter du silence que seuls le bruit du vent dans les sapins et les cloches des vaches venaient briser. J’ai su bien plus tard que c’était également l’endroit préféré de ma mère quand elle était petite… Aujourd’hui, l’arbre n’est plus et honnêtement, ce champs ne sera jamais plus pareil à mes yeux.

Quand les discussions des adultes m’ennuyaient, je m’échappais à l’écurie puis au jardin. À l’écurie, j’allais faire mon petit tour d’inspection : j’ouvrais la cage aux lapins et câlinais ces adorables boules de poils. J’allais ensuite voir les moutons qui paissaient dans le champs au bout du jardin et je faisais le tour des arbres fruitiers : poires, prunes, pommes… et surtout je courais m’empiffrer de groseilles, de framboises et de fraises. Les fruits n’ont pas le même goût quand on les mange directement sous l’arbre, en catimini. Et aujourd’hui encore, dès que je retourne dans la ferme familiale, je suis religieusement le même rituel. Il n’y a plus de cochon ni de lapin, mais je jette un œil à l’écurie avant d’aller vadrouiller dans ce jardin qui me paraissait immense quand j’étais petit.
.



.
.
.
QUAND JE SERAI GRAND,
JE SERAI AGRICULTEUR… COMME PAPI

.

Le premier métier que je me souviens avoir voulu faire, c’était agriculteur, comme mon papi. Mais dans ma ferme à moi, outre les chevaux, les ânes, les lapins, les poules, les moutons et les chèvres, il y aurait eu des ratons laveurs (j’adore les ratons laveurs, peut-être parce que ma première peluche, qu’on m’a offerte quand j’avais un an, est un raton laveur), des daims, des flamants roses, des oryx, des bouquetins, des chamois, des orques et des baleines.
Tout est normal !

.


.

.

Je ne suis pas franchement un manuel, mais il y a un lieu où j’adorais aller fureter : l’établi. J’aime ces endroits où traînent les outils. J’aime la créativité qui s’en dégage, l’harmonie des petits gestes, les souvenirs de mon père bricolant avec trois fois rien, le bruit des chaînes pendues au plafond, l’odeur du vieux bois, les ombres sur le plancher fendu, les toiles d’araignées sur les fenêtres. J’aime observer ces objets qui ont eu une vie mais qui ne servent plus : une cloche de vache, les luges, les grosses bonbonnes en verre dans lesquelles ma grand-mère préparait une limonade. Ils ne servent plus, mais ils restent là, comme les témoins d’une vie passée. Et je revois encore mon grand-père marcher de son pas irrégulier dans cette pièce aujourd’hui bien nostalgique.

.

.



.
.
.
L’AMOUR DES GRANDS ESPACES

.

Quand j’en avais l’occasion, j’adorais m’éclipser et me balader dans toute cette étendue. J’aime profiter des espaces, faire des promenades, faire mes premiers pas de photographe, courir dans les champs. Alors quand le jardin n’avait plus de secret pour moi et que j’avais fait main basse sur les framboises et les groseilles, je tentais de partir en promenade. Oh, j’étais pas bien téméraire, je me contentais de suivre la route. Je la connais par cœur mais j’adore ce chemin, bordé de champs où paissent les vaches et de fourmilières au pied des sapins. Puis, du haut de la colline, j’aimais admirer le panorama et la ferme nichée au cœur de la nature.
.

.


.

.

Bon, bien sûr, tout ça n’est aussi qu’un prétexte pour partager avec toi ces photos et pour te parler de cette région que j’aime tant. Pour moi, ce lieu, c’est l’endroit idéal pour se déconnecter et se relaxer, pour profiter du calme et du silence.
Et toi, si tu devais choisir un endroit pour t’isoler un peu, ça serait où ?


.
J’adore cet article encore plus que tes habituels, et ce n’est pas peu dire quand on sait combien ils me plaisent ! Superbe évocation intime, magnifiquement illustrée, un bonheur total. On a eu un peu la même enfance, champêtre et au grand air!
Merci Alexandra, je suis vraiment content qu’il te plaise, d’autant qu’au départ je n’étais pas sûr de le publier 🙂
Merci pour tes adorables commentaires.
Quel joli article ! J’adore la mise en page, ça donne envie d’une sacrée balade du Dimanche <3
Merci, c’est gentil 🙂 C’est toujours bien les balades du dimanche ^^
Je reviens ici pour guetter la suite – après cet article magistral la barre est haute, fais gaffe ! 😉 des bises !
tu me mets une de ces pressions, j’en ai les mains qui tremblent ^^
je vais de ce pas me remettre au boulot 🙂 bisous
Je me retrouve totalement dans ce superbe article, en vivant à l’étranger je me rends compte combien le haut doubs me manque et j’ai trop hâte d’y rentrer à Noël. D’ailleurs j’ai aussi grandi du côté de Besançon et j’ai bien l’impression de te connaître! Collège peut-être? 😉
Ah mais oui totalement, ton nom me dit quelque chose 🙂
Camus ? Collège de Châtillon le Duc ? Ledoux ?
En voilà une belle balade. moi aussi j’ai grandi à la campagne et j’en suis tellement heureuse, je ne changerais ça pour rien au monde.
je ne connais pas la Franche-Comté mais ça m’a l’air une bien jolie région.
Merci pour cette promenade reposante et apaisante