Petra, la perle jordanienne

Il y a des lieux qui marquent l’esprit, qui forgent un imaginaire de voyageur, des endroits qui dès notre enfance nous donne envie de prendre un baluchon, des petites chaussures confortables et d’aller explorer, tel un aventurier en herbe, les contrées lointaines. Il y a très peu de sites dans le monde qui, dès mon plus jeune âge, m’ont complètement fascinés et faisaient naître des milliers d’étoiles dans les yeux : il y a les pyramides des Gizeh, Machu Picchu au Pérou et, bien sûr, l’inévitable Petra. Rien que son nom est source d’émerveillement, depuis qu’Indiana Jones y a cherché un trésor perdu. Rencontrer le Khazneh, le monument le plus connu de Petra, m’a fait le même effet que ma première rencontre avec les pyramides. J’avais du mal à me dire que j’y étais enfin et que mes pieds foulaient enfin le sol tant espéré de Petra.

Dromadaires sur le site de Petra.

Mais pour avoir l’honneur d’une telle rencontre, pour avoir un contact intime et complice avec cette cité longtemps perdue, j’ai dû me lever tôt et être le premier à passer les portes du guichet. Je n’étais peut-être pas le premier mais je n’ai croisé personne.

Le soleil se levait timidement, le ciel avait encore sa teinte blanche de la journée fraîchement commencée. Je m’avance sur le chemin menant au site, on me propose un cheval, un âne un dromadaire : “c’est inclus dans le prix du billet” (non, ça ne l’est pas – ils vous font payer à l’arrivée). Je préfère marcher, être seul pour ne rien perdre de chaque émotion que je ressentirai. Autour de moi, le silence est roi. Seul le bruit des graviers sous mes pas semble perturber le réveil de la vallée.

Découvrir le site archéologique de Petra.

Après avoir marché quelques minutes depuis l’entrée du site, j’arrive au Siq, le petit passage étroit entre deux falaises qui marque véritablement l’entrée dans Petra. J’emprunte ce long couloir, environ 15 minutes de marche, mes pas résonnent entre la roche, j’entends des voix mais n’arrive pas à distinguer leur provenance. Devant moi surgissent deux Bédouins qui rejoignent l’entrée du site, ils me saluent timidement. Soudain, je le vois, je l’aperçois, il est là, au bout du passage. Le Khazneh, ce splendide monument qui a fait la renommée de Petra.

Au bout du Siq, le Khazneh.
Le trésor porte bien son nom.

En dehors du Khazneh, j’avoue mon ignorance, je ne savais absolument à quoi ressemblait le site de Petra. Je m’imaginais naïvement toute une ville creusée dans la roche à l’image de cette sublime façade. Petra est en réalité beaucoup plus variée et plus complexe. Elle est composée des architectures de plusieurs époques successives qui se côtoient : les façades dans la roche venant de l’époque des Nabatéens, une colonnade et un temple romain, une église byzantine avec quelques mosaïques… C’est fascinant de voir les couches de l’Histoire se superposer les unes sur les autres.

Une fois le Khazneh derrière nous, on débarque sur la rue des façades, faite de maisons et de tombes, toutes creusées dans la roche. On peut alors admirer la somptueuse roche de Pétra : principalement rouge mais avec de sublimes dégradés de rose, bleu, jaune, vert…

Les tombes sont celles de rois et datent de l’époque nabatéenne. Ces somptueuses façades s’intègrent parfaitement dans leur environnement. Elles sont alignées et semblent d’ailleurs toutes regarder dans la même direction. Dans les environs, on peut aussi trouver l’ancien amphithéâtre romain dont les gradins ont été entièrement creusés dans la roche. La couleur de la pierre si typique de Pétra est sublimée par la lumière douce et légèrement dorée du lever du soleil. Il est encore tôt et le site de Petra est encore pratiquement vide de ses touristes.

Rue des Façades à Petra.

A quelques pas de la zone des façades se trouve le cœur du site. On y trouve des vestiges d’anciens temples. Parmi eux, le Qasr Al Bint (Palais de la Fille) est une des rares constructions du site en comparaison aux autres parties principalement creusées dans la roche. Il daterait de l’époque nabatéenne avant d’être remanié par les Romains et dédié au dieu Apollon. Comme dans une cité romaine, il se trouve à côté d’un axe central, le Cardo Maximus, lequel est partiellement bordé de colonnes. Peu à peu abandonné, c’est un tremblement de terre au 4ème siècle qui lui donna son état actuel.

Vue générale des ruines de l’ancienne cité.

Randonner à Petra :
marcher jusqu’au Monatère.

Le site de Petra est très étendu. Si l’envie vous prend de marcher, le site regorge de plusieurs sentiers de randonnées indiqués sur la brochure distribuée à l’entrée de Petra. Certains lieux de visite sont un peu éloignés de l’entrée principale et nécessitent plus de temps, c’est pourquoi vous pouvez acheter un billet une, deux ou trois journées à Petra. Le sentier le plus connu et le plus emblématique de Petra est celui qui mène au monastère, le deir.

Vous croiserez probablement plusieurs Bédouins qui insisteront pour qu’ils vous y emmènent à cheval ou à dos d’âne. Vous avez beau répondre que vous préférez marcher, ils avancent que c’est très loin, qu’il fait chaud et que c’est très difficile car il faut au moins 2h de marche. Ne les écoutez pas, il faut 45 minutes pour marcher et ce n’est pas si difficile que ça. En plus, marcher vous permet d’y aller à votre rythme et de profiter du paysage. Et, entre nous, quand je vois les pauvres ânes ou chevaux squelettiques, j’ai envie de tout sauf de leur monter sur le dos pour leur imposer de me porter pendant 45 minutes en pleine pente, en plein soleil, souvent sans eau. Non merci, je passe mon tour.

Marcher jusqu’au Monastère.
Beauté de ce sentier de randonnée.

Monter jusque là-haut est tout de même assez physique. Depuis la partie basse de Petra, on y accède en grimpant les 800 marches d’un escalier taillé dans la roche. On a que peu de répit et la chaleur n’arrange rien. Toutefois, ce n’est pas insurmontable, à vous de bien estimer votre niveau. C’est en effet très physique mais ça en vaut vraiment la peine et les différents points de vue sont juste magnifiques. 

45 minutes plus tard, j’arrive au sommet et me retrouve face au Monastère qui se dresse devant moi, presque insensible à mes efforts pour le rencontrer. L’architecture de la façade, creusée à même la roche, rappelle celle du Khazneh. Les deux façades sont l’œuvre des talentueux architectes nabatéens et datent à peu près de la même période.

Le Monastère (Deir), l’autre perle de Petra.

Pour la montée, il faudra en effet une quarantaine de minutes à un rythme normal, j’entends pas là faire des pauses régulières, à l’ombre de préférence, et prendre des photos… Compter une quarantaine de minutes également pour la redescente. 

Combien de temps rester à Petra ?

Vous pouvez acheter un ticket pour une, deux ou trois journées sur le site (idem pour le Jordan Pass). Il y a plusieurs sentiers de randonnée à faire sur la journée (en plus de découvrir les vestiges archéologiques du site). Si vous souhaitez marcher, vous pouvez choisir plusieurs jours. Toutefois, les sentiers ne sont pas praticables toute l’année, il vaut mieux se renseigner au préalable.

Beauté de Petra.

J’y suis resté une journée. Étant arrivé dès l’ouverture du site, à 6 heures du matin, je suis très vite arrivé au début du sentier pour rejoindre le monastère et tant mieux car je voulais éviter la chaleur du soleil au zénith pour la montée. Pensez-y, essayez d’y aller tôt le matin, vous aurez d’autant plus de temps pour visiter une bonne partie du site le reste de la journée. En une journée complète, on peut en visiter déjà beaucoup. Comptez en tout cas, une bonne journée pour visiter le principal de Petra et peut-être une ou deux journées supplémentaires si vous souhaitez faire d’autres belles randonnées et atteindre des points intéressants du site plus excentrés.

Petra : infos pratiques

Montée au Monastère : S’il ne vous est pas possible physiquement de monter là-haut, plutôt que de monter sur un âne, demander au Centre des Visiteurs, à l’entrée du site, ils pourront vous proposer une autre solution selon disponibilité. Si malgré tout vous souhaitez monter avec un animal, juste une petite précision, n’acceptez pas un dromadaire pour rejoindre le monastère : les dromadaires ne montant pas les escaliers, les Bédouins vous feront juste avancer d’une centaine de mètres avant de vous laisser au pied des escaliers. Il faudrait alors prendre un âne et vous seriez obligé de payer le propriétaire du dromadaire et celui de l’âne.

Dormir à Petra : on ne peut pas dormir sur le site de Petra. Seuls quelques Bédouins y sont autorisés mais le camping sauvage y est strictement interdit.

Remonter le Siq avec un âne ou une calèche : dès que vous passez le centre des visiteurs, à l’entrée du site, des Bédouins attendent avec des ânes et des calèches voire des dromadaires. Ils vous proposent de monter avec eux en insistant que c’est inclus dans le prix du billet. C’est faut, ce n’est pas inclus et ils vous demandent de payer avant de pouvoir descendre. Vous n’avez donc pas le choix de payer (et souvent au prix fort). Si vous ne voulez pas marcher, des petites voiturettes électriques sont également disponibles. A demander au centre des visiteurs.

Scène de vie à Petra.

Liaison Wadi Rum : Si vous souhaitez vous rendre au Wadi Rum le lendemain, demandez à la réception de l’hôtel de vous réserver la navette. Le minibus passe vers 6 heures du matin devant l’hôtel.

Petra, ça vous tente ?


En savoir plus sur Le Petit Explorateur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

14 commentaires

  1. Tes photos sont magnifiques !!! Petra est aussi un rêve d’enfant, moi qui voulait « devenir Archéologue quand je serai grande ». Les 800 marches, waouh ! Je pense que je me serai faite avoir comme une bleue et que j’aurais céder à la tentation de visiter à cheval, du coup, ton article nous met bien en garde, nous, potentiels futur explorateurs de Petra ! Merci pour ce bel article 🙂

    • Merci, ça me fait plaisir !
      En fait, les 45 minutes de marche on les sent passer ^^ j’ai cru que j’allais jamais y arriver. Ce qui me donnait des forces c’est de voir ceux qui redescendaient et qui me disaient « allez, plus que 20 minutes, courage » ! Quand je croisais des touristes à dos d’âne, j’avais mal pour l’âne qui devait monter les escaliers avec les touristes sur le dos, jamais assez vite d’après les guides bédouins ! Et, ils ne leur donnaient pas d’eau une fois arrivés au sommet !!! Du coup, j’étais content de ne pas avoir fait souffrir le pauvre animal qui aurait croulé sous mes kilos de baklavas et de falafels engloutis la veille 🙂
      J’ai également eu cette période où, passionné par les pyramides et l’Egypte, je voulais être archéologue 🙂

  2. Voilà une destination qui me fait rêver depuis très lgtps !!!!!! Je rêve de découvrir Petra et le désert de Wadi Rum ! J’essaye de motiver mes potes de grimpe depuis plusieurs années mais ils sont un peu frileux à cause du contexte et pays limitrophes pas sûrs. J’ai cru lire que les coins touristiques sont assez sûrs! Je les aurai à l’usure 😀 !!!! Ton reportage est magnifique et j’imagine bien ton émotion en découvrant la belle Petra… Superbe article !!!!

    • Merci petite lykorne 🙂
      Je te le conseille vraiment, c’est vraiment magique et le Wadi Rum, oh la la, toi qui aime les gros glaçons et les ours polaires, tu vas quand même adorer ^^
      C’est vrai que le contexte est tendu mais la Jordanie reste un pays stable et où il fait encore bon voyager. Je me suis toujours senti bien et en sécurité partout où je suis allé. Même Amman.
      Ne lâche pas, ils finiront bien par te dire « bon t’as gagné, on y va » ^^

  3. Ton récit m’a passionnée. J’ai vu beaucoup de photos du Khazneh, bien sûr, mais je n’avais jamais vu les autres photos, le chemin menant vers le monastère, jamais compris l’organisation de la ville. Tu m’as beaucoup appris et permis de mieux imaginer la visite à Petra. J’adore la beauté de tes photos. Quelles vues incroyables… merci pour cet avant goût fabuleux !

    • Merci Alexandra. C’est un endroit très vaste, beaucoup plus que je ne l’imaginais ! Je te souhaite d’y aller car c’est un lieu vraiment magnifique !

  4. Et bien si Petra a été une perle à tes yeux, présentement ton blog en un pour les miens.

    Encore merci pour tous tes partages qui me confortent dans mes envies d’explorer ces contrées merveilleuses.

  5. oh!!!! magnifiques articles et photos. Moi aussi je voulais devenir archéologue quand j’étais petite et j’ai adoré voir les pyramides. Bientôt la Jordanie! inchallah…

    • Quel bonheur que de découvrir ces lieux, je vous souhaite vraiment d’aller en Jordanie, c’est un très beau pays 🙂
      Merci pour votre commentaire Lynda

  6. Tu as bien fait de refuser leur dromadaire ! C’est l’effort personnel qui nous rend fier, et surement pas l’exploitation animale. En tout cas ils sont forts pour faire croire n’importe quoi. Heureusement que tu t’étais renseigné sur le temps de marche nécessaire ! ^^
    Petra me fait de l’œil depuis déjà bien longtemps. Ton article me conforte dans cette idée. Pour ma part je pense que j’y consacrerais 2 jours pour m’éloigner un peu ! 🙂

    • J’avais vraiment mal au cœur quand je voyais ces pauvres petits ânes monter les marches jusqu’au monastère avec sur leur dos des touristes (de toute physionomie)…je n’ai jamais utilisé d’animaux pour visiter un site et ce n’est pas à Pétra que j’allais commencer ^^
      Je te recommande d’y aller et, comme tu le dis, d’y rester deux jours. Ca te laisse la possibilité de t’éloigner et d’en découvrir davantage.
      Je regrette de ne pas être resté plus longtemps du coup j’aimerais y retourner pour approfondir ^^

Qu'en pensez-vous ? Laissez un commentaire :)

En savoir plus sur Le Petit Explorateur

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture