Il paraîtrait qu’Istanbul compte pas moins de 3000 mosquées dispersées sur son territoire. Imposantes ou discrètes, touristiques ou méconnues, elles font partie intégrante du paysage et du patrimoine de la ville. C’est à Istanbul que j’ai visité une mosquée pour la première fois (je devais avoir 11 ans) et même si de somptueuses mosquées ont été construites dans certains pays, celles d’Istanbul restent pour moi les plus belles, les plus élégantes. Par exemple, j’ai adoré la mosquée Sheikh Zayed d’Abou Dhabi qui, extérieurement, est un véritable chef d’œuvre qui semble tout droit sorti d’un conte oriental, mais je n’y ai pas ressenti la sérénité d’un lieu de culte, j’avais plus la sensation d’être dans un lieu touristique. Quant à l’intérieur, il faisait “trop” : trop chargé, trop bling-bling, trop tape à l’œil.
À Istanbul en revanche, je trouve les mosquées bien plus majestueuses, elles sont les fières et dignes héritières du fascinant et puissant empire Ottoman qui avait fait d’Istanbul sa capitale, une capitale à nulle autre pareille. Si extérieurement, on reconnaît tout de suite le style architectural de l’époque ottomane, l’intérieur cache bien souvent des petites pépites : elles sont le miroir du raffinement, de l’esthétique et du talent des architectes ottomans. Et elles ne se ressemblent pas. La plupart affiche des éléments communs mais certaines sont uniques et tellement méconnues. Fort heureusement, il n’est pas question de visiter les 3000 mosquées que compte la ville, alors voici ma sélection des plus belles mosquées d’Istanbul à découvrir lors de ton prochain séjour stambouliote. Une petite sélection de 16 mosquées remarquables à laquelle tu pourrais aussi ajouter les mosquées de Laleli, Beyazit, Nuruosmaniye ou encore Küçük Aya Sofya, pour ne citer qu’elles.

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ET SAINTE-SOPHIE ALORS ?
Effectivement, tu remarqueras que Sainte Sophie, ancienne basilique byzantine devenue mosquée devenue musée redevenu mosquée, ne fait pas partie de cette liste (et j’assume parfaitement ce choix), et ce pour deux raisons. La première raison, c’est que je trouve que Sainte Sophie n’est pas vraiment représentative des mosquées ottomanes d’Istanbul dont le raffinement et la décoration me semblent vraiment uniques.
Sainte Sophie a d’abord été pensée comme une basilique chrétienne et ça se voit (même si aujourd’hui, les mosaïques et peintures du Christ sont soit inaccessibles soit recouvertes d’épais draps noirs). La deuxième raison, c’est que Sainte Sophie est tellement un incontournable d’Istanbul que les visiteurs s’y rendront naturellement, j’ai donc préféré présenter dans cet article des mosquées plus authentiques et, pour certaines, bien moins connues que les autres alors qu’elles méritent un détour.
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Büyük Mecidiye Camii – Ortaköy.
Sagement installée sur les rives du Bosphore, au pied du gigantesque pont suspendu traversant le détroit, la mosquée d’Ortaköy est une des plus connues d’Istanbul et une des plus photogéniques. Devant la mosquée s’étend une petite place pavée, bordée de glaciers et de petits restaurants, dont l’atmosphère s’apparente à une place de village. Fréquentée par les touristes et les locaux venus profiter de la vue sur la mosquée néo-baroque et le pont moderne, la place se remplit régulièrement avec l’arrivée des petits ferries remontant le Bosphore.
Construite au milieu du 19ème siècle, la mosquée est considérée de style néo-baroque, un courant plutôt répandu repris à la sauce ottomane au cours du siècle. Elle est l’œuvre de deux architectes arméniens, un père et son fils, alors en charge du chantier voisin du palais de Dolmabahçe, nouvelle demeure des sultans ottomans. Elle sera construite pendant deux ans, simultanément au palais. Si on connaît surtout son aspect extérieur, pittoresque et très photogénique, son intérieur est quant à lui moins connu.
D’ailleurs, qu’est-ce qu’on voit à l’intérieur ? La décoration est assez représentative de la majorité des mosquées cosntruites à cette période. De larges fenêtres, plus grandes que celles mosquées ottomanes du 16ème siècle, permettent à la lumière de rentrer et d’illuminer la mosquée. De somptueux lustres, semblant parés de perles, tombent du plafond et apportent élégance à l’ensemble. Si les murs sont en partie couvert de marbre, la coupole affiche une décoration bien plus chargée que celles des mosquées antérieures.


En effet, les coupoles étaient habituellement couvertes de motifs réguliers et de formes symétriques mais qui n’occupaient généralement pas l’ensemble de la coupole, comme on le verra dans la plupart des mosquées ci-dessous. Si on garde cette occupation de l’espace avec symétrie et régularité, la décoration est cette fois-ci plus chargée et occupe l’ensemble de la couple. Quant aux couleurs, elles font la part belle au rose, doré et vert, couleurs tendance à l’époque.
Si elle n’est pas ma préférée, la mosquée d’Ortaköy reste cependant une mosquée que j’aime beaucoup. J’apprécie son côté photogénique, au bord du Bosphore, l’élégance de ses lignes et ses couleurs douces. J’aime aussi le calme qui y règne, une fois passée la porte, même quand la petite place est animée et pleine de monde. Ortaköy est un quartier également connu pour une spécialité : le kumpir, une grosse pomme de terre chaude fourrée de divers hors d’œuvres.
Comme je l’ai dit plus tôt, la place est aussi le lieu d’embarquement et débarquement de lignes de ferries. Y font escale les croisières sur le Bosphore mais aussi les lignes régulières entre différents quartiers répartis le long du détroit, côté européen comme asiatique. Ortaköy est un quartier assez vivant, inévitable quand on suit le cours du Bosphore. Le quartier est également facilement accessible en bus depuis Taksim via Dolmabahçe et Beşiktaş.
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Sultanahmet – Mosquée bleue.
Nul besoin de la présenter, la mosquée de Sultan Ahmet est probablement la plus célèbre d’Istanbul mais aussi l’une des plus belles. La basilique voisine de Sainte-Sophie a probablement été la première mosquée de la ville, convertie dès la conquête de la ville par les Ottomans en 1453. Il faudra attendre le début du 17ème siècle pour que la nouvelle mosquée, voulue par le Sultan Ahmet, soit construite en face, sur le site de l’ancien Grand Palais byzantin. La construction dura de 1609 à 1616.
Une des particularité de cette mosquée, qui la rend reconnaissable entre toutes, est qu’elle compte six minarets (quand les grandes mosquées impériales n’en comptent généralement que quatre, les plus petites, un ou deux). A l’époque, seule la grande mosquée de La Mecque en comptait six. Considéré comme prétentieux de vouloir placer sa nouvelle mosquée au niveau de celle de la ville sainte de l’Islam, le Sultan décida alors de faire construire un septième minaret à celle de La Mecque.
Les six minarets la placent parmi les plus importantes mosquée de l’empire et du monde musulman. Elle fut même un des points de départ du pèlerinage à La Mecque. Le projet voulu par le Sultan visait à montrer que les architectes ottomans n’avaient rien à envier à leurs prédécesseurs chrétiens. Le plan de la mosquée s’inspire donc de celui de Sainte Sophie, édifiée environ mille ans auparavant. Sa coupole, par exemple, tente de s’approcher des dimensions d’Ayasofya (23,5 mètres vs 30 mètres).



En Occident, la mosquée est surtout connue sous le nom de Mosquée bleue, en raison des quelques 20.000 carreaux de faïence d’Iznik, de couleur bleue, qui ornent la partie inférieure de la mosquée. Dès qu’on pénètre dans la mosquée, on ne peut qu’être admiratif devant ses dimensions, sa beauté, son élégance et la richesse de sa décoration.
Chaque centimètre semble avoir été comblé par des motifs, des versets, des enluminures aux couleurs allant du jaune au vert, du bleu au rouge, avec goût et raffinement. Elle est une de mes mosquées préférées à Istanbul et mérite absolument une visite quand on vient découvrir la ville. C’est tout le savoir-faire des architectes ottomans réuni en un monument emblématique.
Le point négatif, c’est que le lieu est tellement touristique qu’il en perd un peu son cachet spirituel que j’aime tant dans les lieux de culte. S’y mêlent individuels, groupes et croyants dans un brouhaha général qui personnellement me met mal à l’aise vis à vis des gens venus prier. Elle mérite certainement la visite, mais côté ambiance je lui préfère les mosquées moins connues.
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Yeni Camii.
Amusant de s’appeler Nouvelle Mosquée quand on date de 1663. Pourtant, elle a bien failli ne jamais voir le jour et, avant d’être inaugurée, cette mosquée est passée par tous les états. La construction débute dès 1597 sous l’impulsion de l’épouse du sultan Mourad III. Le quartier choisi, Eminönü, est un quartier de commerce principalment occupé par la communauté juive. Par ce chantier, la sultane cherche à étendre l’influence de l’Islam sur cette partie de la cité.
La construction suit son cours, malgré la mort de son époux. C’est pourtant à la mort de son fils, Mehmed III, que la sultane se voit contrainte d’abandonner le projet. Son petit fils, nouveau sultan, Ahmet I, se désintéresse du projet et la sultane est reléguée dans le harem. La construction est abandonnée et le bâtiment inachevé tombe en ruine et détruit lors d’un incendie en 1660. Ce n’est que l’année suivante que le projet reprend vie et la mosquée est achevée en 1663.
Située dans le quartier très animé et fréquenté d’Eminönü, face aux débarcadères des lignes de ferries, à côté du marché égyptien, la Yeni Camii est l’une des plus connues et l’une des plus visitées d’Istanbul. Elle est aussi l’une de celles que j’aime le plus. Quand je vivais à Istanbul, j’aimais m’asseoir sur ses marches pour y déguster un encas et j’appréciais son calme pour échapper à l’agitation et au bruit des environs. Et sérieusement, elle est aussi magnifique avec sa décoration, riche et colorée.




Inspirée par les mosquées impériales déjà construites, on y retrouve une succession de coupoles et une multitude de motifs et de formes, de couleurs et teintes variées. L’ambiance générale est chaleureuse et il est appréciable de s’y asseoir et se laisser imprégner par sa beauté.
Sa coupole principale culmine à 36 mètres de hauteur et on compte pas moins d’une soixantaine de coupoles au totale sur toute la mosquée. On retrouve ici aussi des carreaux de faïence produits dans les ateliers d’Iznik, l’ancienne Nicée.
Partie intégrante de l’ensemble, la cour est à ne manquer sous aucun prétexte. Elle est bordée d’arcades et, en son centre, trône une somptueuse fontaine pour les ablutions – rituel que doivent suivre les Musulmans avant d’entrée faire la prière. Une mosquée à ne pas manquer.
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Büyük Selimiye Camii.
Changement de quartier, changement de continent. Direction dès à présent le côté asiatique pour cette mosquée située dans le quartier de Harem, dans le district d’Üsküdar. Située au sommet d’une colline, dans un petit quartier calme, elle est nettement moins connue que les mosquées précédentes.
Ses dimensions sont bien moins imposantes que les mosquées impériales mais on y retrouve toutefois une forte inspiration dans le décoration de sa coupole avec les motifs et les formes. Sur les murs, les motifs de la céramique sont plus modernes et marquent une rupture avec les anciens carreaux d’Iznik.
Alors évidemment, elle est complètement hors des circuits traditionnels, par ultra pratique d’accès, mais je l’ai trouvée vraiment jolie et je trouve qu’elle a toute sa place dans la liste des plus belles mosquées d’Istanbul. Dans l’enceinte de la mosquée, un agréable jardin ombragé offre un cadre idéal pour se détendre.


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Sinan Paşa Camii.
Voici une petite merveille située à Beşiktaş, côté européen du Bosphore. Autour de la mosquée, le trafic des voitures, des bus et des fourgons est incessant, les autobus déversent des flots de passagers tout comme les ferries. L’animation semble ne jamais s’arrêter. Les rues adjacentes grouillent de commerces en tout genre : restaurants, bars, boutiques… Et au milieu du tumulte, une mosquée.
Cette petite pépite date de 1555 et, d’extérieur, ressemble à une mosquée ottomane comme il en existe tant d’autres. Depuis la rue bruyante, un petit couloir mène à la cour où le bruit semble déjà un lointain souvenir. Si sa cour à arcades est nettement moins fascinante que celles de Sultanahmet ou encore Yeni Camii, l’intérieur de la mosquée est de toute beauté.
À l’intérieur, une explosion de tons et de couleurs. La forte présence de tons jaune, orange et rouge donne à la mosquée une teinte chaleureuse et réconfortante. On y trouve aussi du bleu et du vert, créant un harmonie chromatique qui séduit immédiatement. Sans aucun doute, l’un de mes coups de cœur de cette balade me faisant passer de mosquée en mosquée.



Située entre le palais de Dolmabahçe et la mosquée d’Ortaköy, cette mosquée est facilement accessible (bus, bateau ou à pied) et mérite certainement une petite visite.
Après la visite, une petite balade dans le centre de Beşiktaş où l’on peut déguster de bons petits plats voire un délicieux et copieux kahvaltı, l’incontournable petit-déjeuner turc.
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Pertevniyal Valide Sultan Camisi.
Voici probablement l’un de mes plus gros coups de cœur ! Située à côté de la station de tramway de Aksaray (ligne de tramway menant au cœur historique d’Istanbul), bordée par deux boulevards très fréquentés, au trafic ininterrompu, au vacarme incessant, cette mosquée élégante émerge au milieu de ce tumulte.
Quand on voit ces rues bondées et ce trafic interminable, difficile d’imaginer qu’à l’époque de sa construction, entre 1869 et 1871, la mosquée se trouvait dans un quartier couvert de jardins, de vergers et d’allées arborées. Mais dès qu’on entre dans la mosquée, la magie opère et on découvre un petit chef d’œuvre d’architecture.
On la présente comme un des exemples de Rococo turc avec des influences diverses : mauresque, renaissance, gothique, andalouse voire indienne. On remarque immédiatement une dominante des tons bleus et l’élégance décoration de la coupole. Chaque centimètre est rempli de couleurs et de motifs. Coup de cœur !


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Dolmabahçe Camii.
Située à quelques mètres de l’entrée du palais du même nom, la mosquée de Dolmabahçe ressemble un peu à celle d’Ortaköy. Extérieurement tout d’abord avec sa forme carrée, ses ornements et ses deux minarets. A l’intérieur, on y retrouve des lustres pratiquement identiques, de larges fenêtres et des teintes assez semblables.
Ce qui diffère en revanche, c’est la décoration de la partie haute : coupole et bordures. Même si tout l’espace est couvert par des motifs aux teintes où dominent le jaune, l’orange et le rosé, la coupole reste pourtant moins fournie que celle d’Ortaköy. Construite en 1855, la mosquée est de style Empire de l’architecture ottomane.
Alors bien sûr, elle est nettement moins impressionnante qu’une Sultanahmet ou une Yemi Camii, mais elle reste toutefois l’une des plus jolies. Elle présente aussi l’intérêt de montrer une décoration assez unique, typique du milieu du 19ème siècle en Turquie. Une petite visite s’impose, non ?

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Fatih Camii.
Si la conversion de la basilique Sainte-Sophie en mosquée dès la conquête de 1453 faisait d’elle la première mosquée de Constantinople, la mosquée de Fatih est probablement la première grande mosquée d’envergure à être construite dans la ville fraîchement conquise. Sa construction s’étala sur 7 ans, entre 1463 et 1470. Elle porte le surnom du sultan Mehmed II à qui les Ottomans doivent la conquête de la ville, Fatih signifiant conquérant.
Construite sur le site d’une ancienne église byzantine (la plus grande de la ville après Sainte-Sophie), la mosquée est un bel exemple d’architecture ottomane de la deuxième moitié du 15ème siècle. On y retrouve les calligraphies et les motifs qu’on retrouve dans les mosquées d’Edirne, l’ancienne capitale de l’empire avant la conquête de Constantinople. Les couleurs des arcades rappellent notamment la mosquée Selimiye d’Edirne.
Devant la mosquée, une grande esplanade avec un jardin ombragé accueille les fidèles lors de la grande prière du vendredi, quand l’intérieur de la mosquée est déjà plein. Fatih est un quartier plutôt conservateur et y flâner permet de découvrir un visage d’Istanbul un peu différent, moins fréquenté des touristes donc plus authentique avec ses boutiques, ses commerces de bouche, ses ateliers.


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Mihrimah Sultan Cami.
Repartons du côté d’Üsküdar, sur la rive anatolienne. Cette jolie mosquée, située face au débarcadère des ferries est un petit havre de paix au milieu de cette place très animée. Elle porte le nom de la fille de Soliman le Magnifique et fut terminée en 1548.
À l’intérieur, en terme de décoration, on retrouve l’ornementation des mosquées du milieu du 16ème siècle. La coupole reprend les motifs et les couleurs habituels et les arcades, qui utilisent une alternance de vert et de blanc, contrastent avec le rouge et le bleu des murs et de la coupole.
Autour de la mosquée, on retrouve un dédale de petites ruelles bordées de cafés, salons de thé, petits restaurants, boutiques en tout genre. Üsküdar est un quartier très agréable à découvrir à pied car il y a plein de bonnes adresses, de jolies mosquées et la promenade côtière offre de jolies vues sur l’Istanbul historique.



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Atik Valide Camii.
A une vingtaine de marche de la Mihrimah Camii, au sommet d’une colline, se dresse l’une des plus grandes mosquées d’Üsküdar. Elle a été construite pour l’épouse du sultan Selim II en 1586. Le titre de Sultan Valide est porté par les mères de sultans qui avaient généralement une grande influence sur la politique de l’Empire Ottoman.
Le quartier n’étant pas particulièrement historique si on se fie aux immeubles et bâtiments environnants, on est surpris de trouver ici une mosquée aussi ancienne. Comme la plupart des mosquées ottomanes, elle est protégée de la rue par un long mur entourant de jolis jardins arborés où, ce jour-là, de nombreuses familles avaient trouvé refuge et où jouaient les enfants.
À l’intérieur, une imposante coupole d’environ 13 mètres de diamètre domine la salle de prière. On retrouve une dominante du bleu et du rouge, et les motifs sont semblables aux mosquées construites au cours du 16ème siècle. Une grande similitude donc avec la Mihrimah Sultan Camii.

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Nusretiye Camii.
J’ai découvert cette mosquée par hasard sur le chemin vers la zone des musées à Karaköy. Je me rendais vers le musée de peinture et de sculpture et j’ai décidé de pousser la porte de cette mosquée méconnue. J’ai été récompensé par cette très jolie mosquée élégante et majestueuse, certainement l’une de mes préférées.
Construite dans la première moitié du 19ème siècle, elle tente de reprendre les codes des mosquées traditionnelles de l’époque ottomane en y insérant une forte influence baroque. J’ai particulièrement aimé les motifs de sa coupole, plus floraux que dans les vieilles mosquées, ainsi que les couleurs plus discrètes.
En effet, les couleurs sont dominées par le gris ou le bleu grisé. La coupole affiche quelques éléments de vert ou de rouge orangé mais la saturation reste très légère, offrant une impression d’harmonie chromatique qui permet de bien faire ressortir les motifs dorés du centre de la coupole et de la bordure.




Alors effectivement, on est loin de l’explosion de couleurs et de motifs de la Sinan Pasha, la Sultanahmet ou encore la Yeni Camii, mais j’ai eu un gros coup de cœur pour cette mosquée discrète mais magnifique.
La teinte bleue-grise lui donne une élégance et une originalité qu’on ne retrouve dans aucune autre mosquée. Elle fait aujourd’hui partie de mes mosquées stambouliottes préférées.
Alors si tu te rends du côté de Karaköy et de Tophane, avec ses nombreux musées et centres artistiques, passe pousser la porte de cette mosquée remarquable !
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Vâlide-i Cedid Camii.
À quelques pas de la Mihrimah Camii se dresse une autre mosquée qui, d’apparence, pourrait facilement passer pour une mosquée du 16ème siècle tant elle reprend les codes architecturaux des mosquées impériales de cette période. Pourtant, elle fut construite au début du 18ème siècle en honneur de la mère du sultan.
Autour de la mosquée, un agréable petit jardin arboré forme une sorte de barrière entre le monde extérieur, bruyant et animé, et l’intérieur de la mosquée, calme et paisible. Après la visite, il est agréable de s’installer sur un des bancs avant d’aller chercher un petit encas gourmand dans les rues alentours.
Même à l’intérieur, on croirait retrouver la décoration d’une mosquée plus ancienne. Ce qui trahit une évolution ce ne sont pas les motifs mais les couleurs, plus foncées et moins nuancées. La mosquée affiche une dominante du rouge et orange foncé et d’un vert plus sombre.

Une autre différence réside dans le fait que là où, dans les autres mosquées, les motifs de la coupole et des arcades diffèrent, on retrouve ici les même motifs et les mêmes couleurs.
Et avant de quitter la mosquée, un petit tour par la cour s’impose, une petite cour bordée d’arcades et avec, en son centre, une jolie fontaine aux ablutions.
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Süleymaniye Camii.
La mosquée Süleymaniye, qui domine le vieil Istanbul et la Corne d’Or, est une incontournable quand on vient visiter la ville. Déjà pour la vue sur la ville depuis son jardin. La vue porte sur le quartier de Beyoğlu et la tour de Galata vers le nord, sur le Bosphore et la rive anatolienne vers l’est.
Ensuite pour son intérieur surmonté d’une coupole monumentale aux tons orangés qui donne à l’ensemble une ambiance chaleureuse. La coupole culmine à 47 mètres de haut et l’impression d’être tiré vers le ciel envahit alors le visiteur qui lève les yeux.
Et cette dominance de l’orange, du jaune et du doré lui donne un aspect unique qu’on retrouve dans très peu de mosquées qui laissent généralement la part belle au bleu, au rouge et au vert. De par sa situation, sa grandeur et sa vue panoramique, elle est l’une des mosquées les plus visitées d’Istanbul.


Elle porte le nom du sultan Soliman le Magnifique qui la fit construite entre 1550 et 1557. Pour sa construction, son architecte reprend des caractéristiques de l’ancienne basilique byzantine Sainte-Sophie et s’inpire de ses anciens chantiers, notamment la mosquée de Beyazit construite 50 ans auparavant.
Si on regarde les motifs et les formes représentés sur la coupole, on remarque qu’ils ne ressemblent pas à ceux des autres mosquées de la même époque. Quant aux fenêtres, elles seraient au nombre de 32, apportant la lumière naturelle au cœur de la salle de prière. Une mosquée vraiment magnifique !
Je conseillerais de la visiter en fin de matinée pour pouvoir se rendre, derrière la mosquée, dans un des nombreux restaurants servant une spécialité locale très savoureuse : le kurufasuliye. Il s’agit d’haricots blancs dans une sauce à base de tomate servis avec un riz pilaf. L’occasion de savoureux un bon plat typique avec vue sur la moquée.
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Rüstem Paşa Camii.
En voilà une mosquée qui aurait totalement mérité de s’appeler, elle aussi, la mosquée bleue. Son intérieur est couvert d’innombrables carreaux de faïence bleue d’Iznik. Située à proximité de la Yeni Camii et du marché égyptien, elle reste pourtant méconnue et oubliée des touristes.
On y pénètre par une porte dérobée depuis une petite rue. L’accès se fait par un escalier en pierre permettant d’accéder à un étage supérieur, la mosquée étant surélevée par rapport à la rue. La rue adjacente étant très commerçante, elle est souvent animée, or quand on arrive à l’entrée de la mosquée, l’agitation semble bien loin.
Elle fait partie des premiers chantiers ottomans réalisés à Constantinople depuis la prise de la ville. Après Fatih, Beyazit ou encore Süleymaniye, le chantier de la mosquée Rüstem Paşa s’étend de 1560 à 1564. Elle est construite pour Rüstem Paşa, grand vizir épouse de Mihrimah, fille du sultan Soliman le Magnifique.




Les carreaux de céramiques couvrant la partie inférieure de la mosquée représentent une multitude de motifs différents mais tout reste symétrique, harmonieux et élégant.
Cette harmonie chromatique en nuances de bleu est pllus marquée que dans n’importe quelle autre mosquée et donne à celle-ci une identité particulière qui fait d’elle une des plus belles de la ville.
Et d’ailleurs, quel contraste avec l’explosion de couleurs de la Yeni Camii voisine ou les teintes orangées de la mosquée Süleymaniye située non loin de là !
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Yıldız Hamidiye Camii.
Voici un autre de mes coups de cœur ! Cette belle et élégante mosquée se trouve à Beşiktaş, à une vingtaine de minutes de marche depuis la mosquée Sinan Paşa mentionnée plus haut. Il suffit de remonter le boulevard pour découvrir cette petite merveille, en retrait par rapport à la route.
Elle date de la fin du 19ème siècle et est l’œuvre d’un membre de la dynastie Balyan, grande lignée d’architectes arméniens à qui l’on doit notamment la mosquée d’Ortaköy ou encore le Palais impérial de Dolmabahçe. Ils signe ici une superbe mosquée dont l’extérieur ne laisse pas présager sa beauté intérieure.
Un intérieur dont la structure est principalement faite en bois, et non plus en pierre de taille comme dans las plupart des autres mosquées. Les couleurs sont elles aussi remarquables : la partie basse reprend plus les tons rouge orangés quand la coupole et la partie haute utilisent des nuances de bleu parsemé d’étoiles dorées.


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Hekimoğlu Ali Paşa Camii.
J’ai ajouté cette dernière mosquée car j’aime le contraste avec les précédentes. Celle-ci présente une décoration intérieure alternant entre le blanc, le noir et le bleu foncé. Elle est donc différente et originale par la palette chromatique utilisée pour décorée la partie haute, notamment la coupole.
Le dôme qui d’ailleurs ne présente pas les motifs habituellement représentés. On a donc l’impression d’être devant une mosquée massive et imposante dont l’ornementation apparaît comme recherchée mais simplifiée. Elle semble donc plus épurée que les précédentes en étant riche d’une décoration unique.
Construite en 1735, elle appartient au style classique ottoman, très en vogue durant l’Ère des Tulipes du 18ème siècle. Je trouve qu’elle mérite un coup d’œil mais malheureusement elle se trouve assez éloignée des principales attractions d’Istanbul. Elle se trouve dans le sud de la ville, du côté de Yenikapı.

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CONSEILS POUR LA VISITE DE MOSQUÉES
L’entrée dans les mosquées est gratuit et tout le monde peut les visiter. Toutefois, il est impératif d’avoir une tenue correcte : les hommes porteront un pantalon (short interdit) et, au minimum, un tshirt (débardeur interdit). Quant aux femmes, les mêmes règles s’appliquent avec la nécessité de se couvrir la tête. Bien entendu, on retire ses chaussures avant d’entrée dans la mosquée.
De manière générale, des foulards ou pagnes pour cacher les jambes et couvrir tête et épaules sont disponibles à l’entrée.
Je conseillerais d’avoir un sac plastique avec soi (pour y mettre ses chaussures) et d’avoir un pagne pour couvrir ses jambes (pour les messieurs en short) et pour couvrir la tête et les épaules (pour mesdames).
Les mosquées sont accessibles tous les jours, toute la journée hors des heures de prières.
Je conseillerais d’y aller entre 9h et 12h puis après 15h. De toute manière, l’appel à la prière du muezzin vous indiquera si vous pouvez ou non vous y rendre.
Dans tous les cas, comme dans tous les lieux de cultes, le silence est de rigueur.
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Nous voici à la fin de cette (petite) sélection des plus belles mosquées d’Istanbul.
La liste n’est bien sûr pas exhaustive, t’en connais d’autres qui auraient leur place ici ?
Dis-moi en commentaire quelles sont tes préférées !
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Magnifiques !! J’en connais quelques unes mais certaines me sont totalement inconnues ou alors vaguement de nom. Pour le grand amateur d’Istanbul que je suis, je me trouve bête de ne jamais avoir poussé les portes de la mosquée Pertevniyal qui est si jolie. Merci pour cette jolie présentation!!
Merci Danny ! Effectivement la Pertevniyal Valide est une mosquée tellement belle, elle vaut le détour 🙂
bonjour, bel article,les mosquees sont en effet très belles, je ne connaissais de nom que la mosquee bleue, les autres sont très belles aussi, merci pour cette séléction.j’aimerais beaucoup visiter istanbul!!!
Bonjour Emma,
merci pour ce commentaire, j’espère que vous aurez, vous aussi, l’occasion d’aller à Istanbul un jour 🙂