Quelques jours à Buenos Aires

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Première étape de mon voyage en Argentine,
l’immanquable étape par la capitale du pays, enivrante, surprenante, parfois déroutante.
Petit récit de notre escapade porteña.

Visiter Buenos Aires, c’était quelque chose que j’attendais depuis très longtemps. Je sais pas si tu le sais, mais j’ai fait des études universitaires d’espagnol au cours desquelles, outre la traduction littérature et les cours de civilisation, j’ai été fougueusement pris d’amour pour la littérature et l’art latino-américains. À ce titre, Buenos Aires, véritable capitale culturelle et intellectuelle d’un continent aussi magnifique que fascinant, me semblait irrésistiblement attirante. Avoir enfin entre les mains un billet d’avion pour Buenos Aires, c’était comme replonger corps et âme entre les pages de ces romans que j’ai pris tant de plaisir à dévorer : les histoires du colombien Gabriel Gárcia Márquez (je te conseille tellement Cent Ans de Solitude et L’Amour au temps du Choléra), les nouvelles frissonnantes de l’uruguayen Horacio Quiroga, les récits du franco-argentin Julio Cortazar…

Et Buenos Aires, plus que tout, c’est aussi la muse de Jorge Luis Borges qui dépeint si bien la capitale argentine dans son recueil de poèmes Fervor de Buenos Aires, c’est le décor de El Juguete Rabioso, un roman de Roberto Arlt que j’ai adoré, c’est la ville intimement liée au Tango, à l’inénarrable et attachante Mafalda et à une femme au destin hors du commun, Eva Peron, également connue sous le nom d’Evita. Et enfin, Buenos Aires, ce sont ces rues bouillonnantes qui vibrent au son du bandonéon et de l’accent argentin si unique. Voilà, c’est cette image de Buenos Aires que j’avais en tête en débarquant sur le sol argentin.

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« Les rues de Buenos Aires
Sont déjà passées dans ma chair
Non pas les rues énergiques
agitées de hâte et de trafic
mais bien la douce rue du faubourg
attendrie d’arbres et de couchers de soleil. »
Jorge Luis Borges, Fervor de Buenos Aires (1923)

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Une petite pause photo avec Mafalda et ses amis ? Direction le quartier San Telmo.

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Et je n’ai pas été déçu, loin de là. J’ai adoré Buenos Aires ! J’ai craqué pour les rues bordées de librairies en tout genre et ponctuées de kiosques et de vendeurs de fleurs, j’ai aimé les vieux bus colorés qui traversent la ville et les cafés qui ressemblent à s’y méprendre à nos cafés parisiens d’antan. Et puis Buenos Aires, c’est aussi une ville pleine de saveurs : celles des medialunas, ces petits croissants un peu sucrés, les empanadas aussi bonnes que variées, le dulce de leche, une confiture de lait, les alfajores, les biscuits typiques du pays et, bien évidemment, la célèbre viande argentine. Tous les restaurants proposent ces pièces de bœuf absolument incroyables (bife de chorizo, bife de lomo…) : grosses et tellement tendres. Je crois n’avoir jamais mangé de meilleure viande de bœuf qu’en Argentine !

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Arrivés dans la matinée, on a tout de suite pris la direction du quartier San Telmo où se trouve notre hébergement AirBnb pour y déposer les affaires et se rafraîchir un peu. On passe ensuite notre première journée à errer un peu au gré des envies et voir où nos pieds nous mènent : au marché San Telmo où on se régale de délicieux tacos au Mercadito Latino ; à Puerto Madero, l’ancien port de Buenos Aires réaménagé en espaces culturels et habitations avant de prendre la direction de la réserve écologique Costanera Sur pour y trouver un peu d’ombre : si on a quitté Paris et ses 5°C, on est arrivé à Buenos Aires sous 32°C.

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Tortues sauvages à Puerto Madero.

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Dans la réserve écologique (dont l’accès est gratuit) un sentier permet de longer la côte, de longer des étangs, de profiter du calme et de la verdure au cœur de la ville. C’est d’ailleurs le lieu où se retrouvent les joggers, les cyclistes, n’espérez donc pas y être seuls. Mais la promenade y est franchement agréable et vraiment surprenante quand on pense qu’on est dans une des plus grandes villes d’Amérique latine.

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Bon, finalement on aura pas eu tant d’ombre que ça, mais la promenade en valait la peine. On revient dans les rues animées de la ville pour se trouver une place où prendre un verre. On marque un petit arrêt sur la Plaza de Mayo pour visiter la cathédrale métropolitaine.

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QUARTIER DE LA BOCA

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Le quartier de La Boca est vraiment atypique et tellement différent du reste de la ville. Ici, sur quelques rues, tout n’est que couleur ! Les murs des maisons sont peints de jaune, de bleu, de vert ou d’orange. La Boca, c’est un ancien quartier de marins où débarquèrent au 19e siècle les immigrants italiens et il est aujourd’hui connu pour ses façades colorées, son stade et son club de football, le Boca Juniors, où joua Diego Maradona.

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À vrai dire, depuis de nombreuses années, le quartier est également sujet à quelques controverses concernant la sécurité des touristes. De fréquents cas d’agressions et de vols à l’arme blanche sont régulièrement enregistrés. Pour faire face, la ville a fait déployer des agents de police sur un périmètre de quelques rues (les plus touristiques) afin de garantir la sécurité des visiteurs : en gros, tu peux te balader tranquillement sur el Caminito (la rue la plus célèbre du quartier) et quelques rues alentours. Il est très fortement déconseillé de rejoindre le centre de Buenos Aires à pied depuis la Boca. De toute façon, au prix où sont les taxis, mieux vaut choisir la sécurité. À l’entrée de Caminito, une cabane de l’Office de Tourisme te donnera toutes les informations.

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Ce qui est un peu gênant à la Boca, c’est ce côté presque folklorique pour plaire au touriste : tout est joli, tout est propre sur ce périmètre réduit mais à peine on s’éloigne, la réalité est beaucoup plus triste. Et puis, quand les touristes sont là, les danseurs de tango font leur show et forcent les gens à poser avec eux pour une photo (payante). On sent bien que c’est pas un simple quartier… Joli pour s’y promener en début de matinée, quand les cars de touristes ne sont pas encore arrivés, mais certainement pas un coin où séjourner ni où s’attarder.

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CIMETIÈRE DE LA RECOLETA

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La cimetière de La Recoleta, au nord de la ville, c’est un peu le Père Lachaise argentin mais avec un détail supplémentaire : ici, aucune tombe basique, le cimetière est entièrement rempli… de caveaux dont certains sont construits et décorés comme des chapelles ou des églises, parfois comme des temples miniatures. Pour info, c’est le cimetière où est enterrée Eva Peron, entre autres.

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J’aime bien les cimetières, surtout ceux qui ont un côté abandonné et retour à l’état de nature (si ça t’intéresse, je te laisse jeter un œil à celui de Caen ou de Besançon) mais je crois que c’est la première fois que j’en visite un avec uniquement des caveaux. Certains semblaient très vieux et en piteux état. Le plus fou, c’est que dans certains d’entre eux, on pouvait voir les cercueils (la porte du caveau étant vitrée ou cassée) et dans l’un d’eux, j’ai pu compter… 20 cercueils, tous couverts de poussière et de toiles d’araignées (autant te dire que j’ai particulièrement apprécié ces derniers détails).

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UN PEU DE CULTURE
AU MALBA

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Le MALBA (Musée d’Art Latino-américain de Buenos Aires), c’est peut-être le musée incontournable de la ville. Ici, quelques rares tableaux de Frida Khalo ou de Fernando Botero (pour en voir davantage, autant aller directement à Mexico ou à Bogota), mais une belle collection d’œuvres diverses notamment de peintres argentins. Un de mes préférés : Manifestación de Antonio Berni car on a vraiment l’impression que le peintre est au milieu de la foule (ci-dessous).

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BUENOS AIRES, EN CONCLUSION

J’ai lu pas mal d’avis divergents sur Buenos Aires : certains l’avaient adorée, d’autres avaient été déçus.
Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir eu une excellente expérience à Buenos Aires.
À chacun de se faire sa propre idée 😉
En tout cas, j’ai déjà hâte d’y retourner et de découvrir d’autres quartiers !.

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Pour trouver des bars sympas : la calle Chile dans le quartier de San Telmo, autour de la Plaza Julio Cortazar dans le quartier Palermo.

Pour manger de bonnes saveurs mexicaines : El Mercadito Latino, calle Carlos Calvo, à côté du marché San Telmo.

Pour une bonne viande : La Brigada, calle Estados Unidos, à côté du marché San Telmo. Très touristique, il faut vraiment réserver pour y manger. Outre ce côté ultra recommandé qui fait penser à un piège à touriste, c’est la meilleure viande qu’on ait mangé à Buenos Aires (même si les frites étaient très décevantes) pour un prix raisonnable.

Depuis/vers l’aéroport : Il y a deux aéroports à Buenos Aires. L’aéroport International Ezeiza (au sud) et l’aéroport Jorge Newberry (au nord).
Entre Ezeiza et le centre, la compagnie Tienda León fait le trajet en autocar confortable (45 min le trajet). Descente près de Puerto Madero, à l’angle de l’avenue Eduardo Madero et de l’avenue Corrientes.
Entre Jorge Newberry et le centre, prends un taxi ou le bus.

Légumes à Buenos Aires ? Les pays latinos ne sont pas forcément connus pour leur cuisine à base de légumes mais plutôt viande, maïs et pommes de terre. Buenos Aires ne fait pas exception à la règle, autant le savoir…

Sécurité à Buenos Aires : ce n’est pas la ville la plus sûre d’Amérique latine donc mieux vaut rester sur ses gardes et éviter d’arborer tout signe de richesse. Surtout si tu sors des coins touristiques et centraux. Mais des policiers sont de plus en plus déployés dans la ville pour aider les touristes.

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Et toi, Buenos Aires, tu connais ? Tu as aimé ?

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12 COMMENTAIRES

  1. J’y vais en mars prochain et cet article m’a mis l’eau à la bouche ! Magnifique comme toujours 🙂
    Merci pour les conseils de lecture 😊

    • Haha, la délicieuse et bénéfique eau potable (qui n’a gêné que moi au final ^^). J’ai préféré aborder le bon gros steak argentin 😀

  2. On devrait y être en fin d’année, c’est une ville qui m’attire beaucoup ! Très bel article, ça donne envie, ça a l’air très varié ! La Boca, waw j’adore tes photos, dommge que ce soit trop touristique.
    J’avoue que pour l’instant la plupart des villes que nous avons vu en Amérique du Sud nous ont charmé, et en faisant un minimum attention, on ne s’est jamais sentit en insécurité.

    • Merci 🙂 Oui c’est une ville qui présente plusieurs facettes donc c’est vraiment intéressant à visiter. La Boca, si tu y vas avant 10h/10h30, tu ne devrais pas voir grand monde, d’autant que ce ne sont que quelques rues. Hâte d’avoir ton impression que tu seras là-bas 🙂

  3. J’ai appris plein de choses dans cet article sur Buenos Aires. Clairement, j’ai encore plus les boules d’avoir été coincée à Madrid pour un problème de surbooking et de n’avoir eu qu’un seul jour dans la capitale pour la découvrir ! ^^
    J’ai aussi appris des choses sur toi : je ne savais pas du tout que tu avais fait des études d’espagnol, cachottier ! C’est rare en venant du nord de la France, mes amis qui viennent de là-haut ont surtout fait allemand… 🙂

    • En fait, je suis le seul de ma famille à avoir choisir espagnol, tout le reste a appris l’allemand. Sinon, ça me fait toujours sourire quand les gens du sud disent que je suis du nord de la France, quand mon copain, lui, dit que je suis du sud 😀
      Je comprends ta frustration, c’est rageant cette situation d’autant que tu aurais probablement aimé cette ville.

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